jeudi 7 avril 2011

La Chine entre vertige économique et valeurs ancrées (semaine de la presse)

Elle a déjà dépassé le Japon accédant ainsi à la place de seconde puissance mondiale mais sa politique qualifiée parfois de dictature est la seule au monde à limiter un seul enfant par couple.

Le chemin vers l’enfant unique

Deng XiaoPing monte au pouvoir en 1978 après le mort de Mao Zedong . Il entreprend alors de vastes changements qui conduisent à modifier le paysage économique. La Chine qui comptait 975,4 millions d’habitants voit sa croissance ralentie par la politique de « l’enfant unique ». Ce schéma impose une politique malthusianiste en limitant les couples à ne concevoir qu’un seul enfant visant alors à améliorer les conditions de vie des Chinois tout en achevant la transition démographique. Très réglementée dans les grandes villes comme Shangai ou Pékin, le gouvernement a plus de mal à l’appliquer dans les régions éloignées où les ethnies minoritaires résident comme le Xinjiang car la population encore rurale (56,10% en 2006) ne subit pas la politique coercitive citadine. Ainsi le taux de fécondité est passé de 2,54 en 1980 à 1,78 de nos jours.

Une application violente

Aux grands mots les grands remèdes. Le gouvernement taxe les couples ayant un deuxième enfant déjà né à hauteur de 10 000 yuans (1400 euros ) l’équivalent de 8 mois de salaires moyens en Chine. Une somme conséquente dont ne peuvent s’acquitter certaines familles ; le nouveau né n'est alors pas reconnu et perd tous ses droits (gratuité scolaire, reconnaissance civile etc.) Mais pour les malheureuses dont on aurait découvert la grossesse pas d’exception l’avortement s’impose. Ainsi 13 millions de femmes auraient avorté en 2010 dans l’Empire du milieu selon les chiffres officiels, sûrement minimisés. L’avortement y est devenu trop courant.

Une mentalité qui encourage le système

Malgré l’influence occidentale générée par les médias et la santé économique du pays qui encourage la venue des étrangers, la Chine préserve sa mentalité : le fils est la garantie d’un bel avenir (il est obligé d’habiter avec ses parents et son épouse sous le même toit après son mariage) contrairement à la fille qui « appartiendra » désormais à sa belle-famille. De ce fait, beaucoup de femmes avortent et préfèrent retomber enceinte pour avoir un bébé de sexe masculin. Le taux mortalité infantile en est le reflet : 20,25%. La Chine entre dans le cercle des pays asiatiques où le nombre d’homme est supérieur à celui des femmes.

Certaines privilégient l’abandon toutefois devenu rare mais encore ancré dans les mœurs particulièrement dans les campagnes. D’autres marchandent leurs enfants. C’est un véritable phénomène qui alimente les trafics, réelles poumons économiques. Ces réseaux maffieux ont deux façons de se débarrasser des enfants: soit en les vendant à des couples stériles ou n’arrivant pas à avoir de fils la plupart ruraux soit en les prostituant ou les faisant mendier devenant malgré eux des enfants esclaves. L’Etat dépassé par ces trafics a crée une base de données en 2009 qui répertorie tous les enfants disparus c’est-à-dire 30 à 60 000 chaque année selon les chiffres officiels espérant ainsi endiguer cette pratique devenue courante. La Chine a encore de la marge pour être à la hauteur de sa puissance.

S. Zhu (TL4)

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